L'importance du bois

Le bois (2) fut le centre de toute une activité sociale et économique pendant de nombreuses années. Il servait autant à la construction de maisons, qu'à cuire des briques, à faire des barriques, véhicules, des objets travaillés qui se revendaient ensuite à Toulouse, ou de se chauffer, bref tout un commerce.

La forêt de Bouconne donnait à la fois la source du bois, mais permettait aussi de faire paître des animaux, comme les cochons, qui se régalaient de glands à l'automne

Les tailles successives des bois, de façon anarchique et abusive, puisque la forêt produisait moins de bois que les riverains n'en consommaient, amenaient à un désastre au fil des années. Maintes fois on essaya de réglementer, mais faute de sanctions, rien n'y faisait.Les demandes successives au fil des années de réaliser des fossés entre la forêt et les propriétaires voisins n'étaient jamais réalisés...

Les seigneurs habituellementse gardaient le droit de chasse; les paysans selon l'usage ancestral avaient un droit de pacage ( en faisant manger les cochons, les moutons, voire les chèvres dans la forêt...) et d'usage ( ramassage de bois mort)

La forêt était plus proche de Pibrac qu'à l'heure actuelle ( on la retrouve actuellement au bout de la route de Sainte Germaine, du chemin Cassoulet, chemin du brodeur, de l'avenue François Verdier; sans compter le Bois de la Barthe notamment...), mais il y eût des déboisements successifs en lisière de forêt au cours des siècles. La forêt qui était composée de nombreux chênes, permettait en Septembre, de nourrir les cochons grâce aux glands.

Ainsi,grâce à ces droits d'usage et de pacage, les paysans étaient mieux nourris, travaillaient mieux, et au final, redonnaient plus aux Seigneurs. Très certainement , cette situation devait profiter aux Pibracais. D'autres documents rapportent qu'en ces temps là, les routes étaient peu sûres, et que des voleurs se cachaient dans la forêt de Bouconne ( voir page 12 )

Les toulousains déferlaient tous les jours dans la forêt de Bouconne, pour ramasser du bois de chauffage, ce qui était une tradition depuis fort longtemps

 

L'organisation communale et les droits d'usage

Les villages sont en général établis sur le haut des talus ou sur l'éperon qui se dessine à la confluence de 2 ruissaux, site favorable pour la défense, pour l'aprovisionnement en eau ( les sources étant plus nombreuses) , pour les cultures ( les sols y étant variés)

Le bois permettait de nourrir le bétail ( les prés étant desséchés l'été, et avec un soleil ardent ) Bovins, ovins, porcs s'y nourrissaient ( de glands )

Il y avait un droit d'usage (de couper le bois) ; et de pacage forestier

Mais ceux qui vivaient dans les forêts pour se livrer aux industries diverses du bois étaient en général mal vus des agriculteurs

Un peu d'histoire...:

-Avant le V° siècle avant Jésus-Christ- Les Ligures occupèrent les terrasses dans le pays toulousain, jusqu'au 5° siècle avant Jésus-Christ

-Au V° siècle avant Jésus-Christ- invasion des Ibères venus d'Espagne: colonisation des terrases toulousaines?

Ces terrases ont permis d'établir des champs pour l'agriculture; ces terres des terrasses sont aussi propres à la vigne, en offrant aussi les ressources de la forêt

-III° siècle avant Jésus-Christ- Des Celtes, les Valques Tectosages, vinrent chasser les Ibères de la région Toulousaine, en les refoulant vers l'Ouest; les bois devaient servir de frontière.Les Celtes ont vraissemblablement donné son nom à la Forêt de Bouconne.

-V° siècle-En 407, passèrent les Alains, les Vandales, les Suèves, qui durent causer de grands ravages ( ils dominèrent pendant 100ans )

Entre 412 et 414 il y eut les Wisigoths ( Toulouse fut la capitale de leur royaume)

Période de l'invasion des barbares:

-VIII° siècle-En 732: les Sarazins ravagent le pays Toulousain

Domination Franque pendant 5 siècles

-XII° siècle-En 1197: un même acte ( de donation de terres? ) mentionne Pibrac, Colomiers (Colomers), Lévignac, Pradère ( Pradella ), La Salvetat ( Salvetate Sancti Gidi)

 

Un peu d'éthymologie...

Voir aussi page 15

La forme latine d'Aussonnelle est « Alsonella », dont le radical « alisos » est Ibère; ou pourrait être italoceltique, Alzon étant le nom de cours d'eau d'origine incontestablement celtique

Les toponymes terminés par le suffixe -ac sont les témoins de la romanisation des régions: c'est la forme altérée du suffixe latin « acum » ou « acus », qui n'est que la forme latinisée du suffixe « acos ».Le suffixe s'ajoutait à un radical qui était un nom de personne et le mot ainsi formé désignait le domaine rural (appelé encore le « fundus »)

Quand le radical est un nom de forme latine, un gentilice en « ius », ce qui est en fénéral le cas, marque une romanisation de la région où il se rencontre, plus avancée que lorsqu'il est un nom celte. Les nom en -ac sont la forme la plus ancienne des toponymes romains. Les noms témoignant de l'existence d'anciens « fundi » se trouvent répartis dans les régions des terrasses toulousaines en plusieurs groupes:

A l'ouest de Toulouse:

Blagnac, Casserac ( Cornebarrieu ); Pibrac ( Piperacus), dominant sur la 3° terrasse la confluence du courbet et de l'aussonnelle

Un certain nombre de domaines ruraux portent actuellement des noms également en -ac; mais les anciens cadastres apprennent que ces noms de propriétés sont les mêmes que ceux des propriétaires.

BRUNHES, tome1 de l'Histoire de la Nation française, 1920, note page 289:

« Si bon nombre de lieux sont issus des noms d'hommes, inversement beaucoup de noms d'hommes sont issus de noms de lieux »

Fin du XIX° siècle, la lisière de la Forêt de Bouconne, sur le territoire de Pibrac, étant bordée par une large bande d'éluvium, il se peut que le fundus Piperacus ( Pibrac ) , comme la commune actuelle, se soit étendue jusqu'à la forêt

Au IV° siècle, une route, celle de Bordeaux à Jérusalem, vint traverser d'Est en Ouest le massif de Bouconne , dans sa partie Sud, séparant ce qui devait être l'actuelle forêt de Bouconne du reste du massif...De la Save à la Garonne, il y avait le long de cette route deux « mutationes »: la mutatio Boccones (d'après le manuscrit de Vérone) ou Bucconis ( manuscrit de la Bibliothèque Nationale) et la mutatio ad Jovem. Les mutationes étaient des sortes de relais...

Au moyen-âge, la forêt de Bouconne était appelée : Bocona; Boccona; Buchone, Baconne ou Bocone. Une preuve que ce nom est d'origine celte: sur les bords du Rhin existait une forêt de Buconia

En ce qui concerne le sol actuel de Bouconne, ce même sol était signalé comme recouvert de sa forêt, dès les XII et XIII° siècles (1):

...cf le Cartulaire de Conques publié par M.DESJARDINS p64 :durant le XI°s , les religieux de cette abbaye ((Conques)) reçurent du père de Dodon de Samatan la moitié de l'alleu de Peyrolières(( de Sainte-Foi au canton de Saint-Lys)). La donation comprenait le village qui allait être fondé sur ce territoire; « mais à ce moment, est-il ajouté dans l'acte, il n'y avait aucune habitation, si ce n'est tout au plus celles des voleurs qui se cachent dans les forêts »

....Même cartulaire p 80, qui date de 1087,environ, Dodon fit à l'abbaye de Conques une autre donation comprenant l'alleu de Villeneuve, et cette fois non seulement l'acte nous reporte dans la même région boisée, mais il a le soin de marquer expressément que nous sommes en pleine forêt de Bouconne:

....Et est ipse alodus in comitatu Tolosano, in silva de Boccona, et habet fines et terminos, ex uno latere, sicut gutta de Belloloco descendit in Cizeira et Cizeira descendit in Saldrina, et sicut ipsa Saldrina se conjungit in alio rivulo qui vocatur Sicig, et ex alio latere ipse Sicig ascendit usque ad alodium de Sabonerias.

...ce lieu correspond à La Salvetat, commune de Sainte-Foi de Peyrolières

...au XI°siècle, les bois de Bouconne occupaient non seulement la forêt actuelle, mais encore qu'ils reparaissaient avec le même nom à l'extrémité du canton de Saint-Lys, ce qui revient à dire qu'ils s'étendaient sans discontinuer sur une longueur plus que double de celle qu'ils ont actuellement

...récit de la translation du corps de Saint Majan dans l'abbaye de Villemagne, aujourd'hui canton de Saint-Gervais (Hérault) , fin du IX° siècle (Hist.de Lang. éd.Priv.II, 53, et V, 6 ) : ...après être partis de Lombez, les religieux qui avaient dérobé ces reliques, se trouvaient poursuivis et sur le point d'être atteints, les cachèrent dans la forêt de Bouconne, sylva que Buchone dicitur, d'où ils les retirèrent lorsque,le danger passé, ils purent reprendre leur marche...

... = bois situés dans les environs de Sabonères et de Sainte-Foi...exactement sur le trajet de Lombez à Villemagne..

...Les bois de Bouconne se prolongeaient vers le sud et atteignaient des points fort éloignés où nous venons de constater son existence

...En 945, Garsinde donna l'abbaye de Lézat, l'alleu et l'église de Fustignac ( ...canton du Fousseret)...ces biens , aboutissant au ruisseau du Gélas...dépendaient de Bouconne, en Toulousain: et est ipse alodus in pago Tholosano, in terminio de Bocona, in villa que dicitur Fustiniago

...D'après un acte inédit, tiré du cartulaire de Lézat, nous voyons vers 987 les religieux de Peyrissas acquérir un domaine appelé Dragual, placé également in terminio de Bocona; (( ...commune de Montégut probablement))

Guy du Faur de Pibrac, dans son livre « les plaisirs de la vie rustique », commence d'ailleurs par :

"Pybrac, ie te faluë, et toy Bocconne saincte,

Et vous coufteaux vineux..."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


(( donc il y avait certainement le « vin de Pibrac », qui alimentait les chaumières lors des soirées, festives ou non ! ))

Suite...

 

Les droits d'usage (2) dont jouissaient les tenanciers furent longtemps imprécis.Il furent peu à peu fixés par les seigneurs surtout à partir du XIII° siècle, alors que le mouvement d'émancipation communal devenait très vif. Le plus souvent , la charte entre le seigneur et le groupe d'habitants se négociait: le seigneur offrait certains avantages, les habitants s'engageaient à payer telle redevance: les seigneurs octroyaient des droits d'usage dans les forêts, le plus souvent à titre gratuit, droits qui jusqu'alors faisaient seulement l'objet d'une tolérance sans garantie , et parfois ils leur concédèrent le droit fort recherché de chasse en forêt.

Bien des fois, les seigneurs eux-même canalisèrent ce courant d'émancipation communale en créant des bastides ou en réorganisant sur ce type les anciennes communautés rurales. La charte était l'appât qui devait attirer les paysans dans ces villes neuves; la concession des droits d'usage et de chasse dans la forêt voisine de la bastide était, dans ce cas là également, une des clauses de la charte. En effet , il était de l'intérêt des seigneurs de faire une charte assez avantageuse pour les futurs habitants, car ils risquaient autrement, de voir leurs sujets aller s'établir dans une bastide d'un seigneur voisin plus libéral. Et de plus, les habitants de la « ville neuve » ayant la charge d'y édifier leur demeure, la concession du droit de prendre du bois d'oeuvre dans la forêt voisine était la condition même de sa construction.

 

- XII° siècle- Dans la région toulousaine, dès la fin du XII°siècle, les seigneurs organisèrent les communautés rurales et leur octroyèrent des chartes. Pibrac reçut la sienne en 1204. Le seigneur de l'Isle était co-seigneur de Pibrac à ce moment là, mais il ne figure pas parmi les seigneurs qui concédèrent cette charte. Or Pibrac fut la seule des communautés riveraines de la forêt de Bouconne à ne pas avoir de droits d'usages reconnus. Le fait que sa charte lui fut donnée par des seigneurs qui ne semblent avoir aucun droit sur la fotêt de Bouconne en est peut-être la raison

 

-XIV °siècle- Ainsi, au XIV°siècle, à l'exception de Pibrac, qui d'ailleurs ne devait pas agir autrement qu'elles, toutes les communautés riveraines de la forêt de Bouconne, soit: Daux, Mondonville, Brax, Léguevin, Pujaudran, Lasserre, jouissaient dans cette forêt de droits d'usage et de pacage

 

-XIII-XIV° siècle-Il n'est pas sûr que les défrichements accomplis au XIII °Siècle et dans la première moitié du XIV°siècle, ait amené une augmentation très appréciable des terres cultivées:les avantages accordés par les seigneurs sur ces terres défrichée s'estompant au fil des années, ces terres étaient alors abandonnées

 

-XVI° siècle-Avec les guerres dereligion,qui bouleversèrent la région, la forêt de Bouconne cessa d'être exploitée régulièrement et elle fut livrée non seulement au pillage des riverains, mais à celui des gens d'armes. Emu des dégats commis dans la forêt de Bouconne, DE BELLEFOREST écrit en 1575:

«  La grande et profonde forest de la Baconne...je l'ai vue si épaisse qu'on n'y eut sçeu choisir un homme à quatre pas, là où maintenant il y fait beau et large tant on l'a éclaircie, je pense pour en chasser les voleurs qui y repairaient ordinairement »

DE BELLEFOREST n'invente rien en montrant la forêt de Bouconne comme un repaire de voleurs. Elle l'était devenue à la faveur des troubles qui agitaient la région, à tel point que le Parlement de Toulouse ordonna à la maréchaussée et aux magistrats des communautés riveraines d'en surveiller très activement les bords

Durant ces périodes de luttes, le roi de Navarre, le futur Henr IV, ne songea tout d'abord à la forêt de Bouconne que pour servir sa politique.

Une grande partie du comté de l'Isle lui était hostile et il lui était nécessaire de s'y ménager des sympathies.Il trouva un appui en l'une des familles les plus influentes de la région, celle des DU FAUR DE PIBRAC, à laquelle il ne ménagea pas ses faveurs. Depuis lomgtemps déjà, les DU FAUR étaient bien en cour de Navarre. A deux reprises , en 1547 et en 1549, le roi et la reine de Navarre avaient donné à FABRY, président du Parlement de Toulouse, des coupes de bois dans la forêt de Bouconne, l'une de 4 arpents (3ha.30) , l'autre de 5arpents( 2ha.85) « pour ce qu'il n'a point de bois au dit Pibrac pour faire cuire la brique qui lui est nécessaire » pour édifier un château dont il avait entrepris la construction à Pibrac « et l'accomoder pour plus aisément nous y recevoir et nous y loger quand nous passerons par ce cartier »

En 1576, Henri de Navarre faisait inféoder à Guy DU FAUR DE PIBRAC, par le maître particuliers des Eaux et Forêts du comté de l'Isle, 185 arpents (105 hectares) « de terres vagues à prendre en deux pièces en la forest de Bouconne au triage de Gagean » moyennant une redevance annuelle de « sol » par arpent. Ces terres devaient être séparées de la forêt de Bouconne par un fossé....

Dans le contrat d'inféodation , il fut stipulé que le nouveau propriétaire était tenu à « entretenir les eaux pour la commodité des bestiaux et usagers » et par ailleurs tous les usagés reçurent confirmation de leurs droits. Malgré cela il y eut conflit entre le seigneur de Pibrac et les usagers. Ceux-ci contestèrent au seigneur de Pibrac la propriété de ce bois ce qui permet de penser qu'ils avaient des difficultés pour exercer leurs droits. Ce procès resta d'ailleurs pendant (("non terminé")),  « par le crédit et l'autorité des seigneurs de Pibrac dont la plupart des usagers estoient dépendants et sujets ».

Les DU FAUR DE PIBRAC avaient des possessions en Béarn ce qui donna lieu à un échange avec le roi de Navarre. GUY DU FAUR qui était depuis 1578 chancelier de la Reine de Navarre céda, en 1579, les terres et la seigneurie de Saulx et reçut celles de Daux avec la faculté de prendre dans la forêt de Bouconne le bois nécessaire pour chauffer le four banal. Cétait là un nouveau droit qui devait peser lourdement sur la forêt

En 1589, Henri DE NAVARRE , comte de l'Isle-en-Jourdain, devenait roi de France. En 1607, il reconnaissait que par le fait de son accession au trône tous les fiefs mouvants de la couronne y avaient fait retour: Bouconne devenait « Forêt royale »

La lisière ( de la forêt de Bouconne) est bordée par le bois dit de Gratens, cédé aux DU FAUR DE PIBRAC( 118 hectares environ), puis, en allant vers le Sud, sauf sur la rive droite de la petite vallée de la Bordette, par des bois peu étendus qui se succèdaient presque sans interruption

Le long de sa lisère Sud, la forêt de Bouconne était entièrement bordée par des landes.

 

-XVII° siècle- D'après des documents remontant au XVII°siècle, ily aurait eu, depuis lors jusqu'au premier quart du XIX°siècle , dans les communes de Lasserre, Pibrac, Daux, une augmentation de la superficie boisée, le taux de boisement y étant passé de 5 à 12 % environ, sous réserve d'erreurs possibles de mesurage

Les usagers ne se limitaient pas à exercer le droit de pacage qui leur était accordé. Il envoyaient pacager librement dans la forêt tous leurs bestiaux, même les chèvres, et ils allaient jusquà leur faire brouter les jeunes rejets...Pour se procurer un meilleur pacage, les paysans n'hésitaient pas à mettre le feu à certaines parties de la forêt...pour que l'herbe qui croît soit grande et abondante..

Les habitants de Daux trouvaient dans la forêt le moyen de chauffer à peu de frais le four banal de la communauté qui leur avait été loué par le baron de Pibrac, car ils le faisaient avec principalement du bois dérobé, mettant au pillage la partie de la forêt dont ils étaient voisins

Des pauvres n'avaient guère d'autres métier que d'aller dérober du bois pour le compte de villageois aisés qui le revendaient ensuite. Travail sans doute assez lucratif puisque, dit le procureur: « cette sorte de gens (vaquait) continuellement à ces larcins au lieu de s'employer aux travaux ordinaires des terres et des vignes, ce qui était un dommage qui retombait même sur le public, d'autant qu'on ne trouvait à une lieue des environs de la forêt presque personne pour travailler les terres et vignes qu'à très grand frais »

Sur la lisière Ouest se trouvait une tuilerie: la tuilerie de Lussan à laquelle elle fournissait les fagots de broussailles nécesaire pour son chaffage. Il devait y avoir dans le voisinage d'autres tuileries...A la fin du XVIII° siècle , il en est mentionnée une à Léguevin mais comme ne fonctionnant plus depuis longtemps

En 1651, un collecteur d'amendes et des gardes furent accuellis à Lévignac, à Mérenvielle, et à Léguevin, par des femmes qui leur lançaient des cendres dans les yeux et par une troupe d'hommes armés de fusils, de hallebardes et de bâtons, ce que voyant ils jugèrent prudent de battre en retraite.Les paysans avaient d'autant plus d'audace qu'ils étaient soutenus par leurs consuls et leurs seigneurs

Les forestiers qui étaient enfonction lors de la réformation de 1665 avaient rencontré un sérieux adversaire en la personne du baron de PIBRAC. Seigneur des villages de Daux, Pibrac, Léguevin, il excitait les administrés à résister aux agents royaux. Il rossa lui-même d'importance le greffier de la maitrise de l'Isle qui avait capturé du bétail appartenant à un de ses métayers

((on note enpassant que la route de Toulouse à Auch s'appelait" l'anciene route de Bordeaux à Jérusalem" ))

Le baron de PIBRAC eut sa part de largesses royales. En 1649, il avait obtenu du grand maître des Eaux et Forêts la concession , pour 5ans, dans la forêt de Bouconne, de 300 arpents de bois ( 170 hectares environ), ce qui devait remplacer , pendant ce temps là, son droit de chauffage du four banal de Daux. Ces 300 arpents étaient contigus au bois de Gratens, cette partie de la forêt de Bouconne , qui avait été donnée à sa famille par Henri de NAVARRE. Il devait les exploiter, à raison de 60 arpents chaque année. Un an après cette convention, le baron de PIBRAC, sous prétexte de la faire confirmer, se fit octroyer, par lettres patentes, la pleine propriété de ces 300 arpents avec faculté de les exploiter à la révolution de 5ans. Mais le grand maître des Eaux et Forêts fit opposition à cette décision et par suite d'un accord , en date du 15 mai 1662, la portion de forêt concédée au baron DE PIBRAC fut réduite à 160 arpents( 90 hectares). Le droit de chauffage du four banal de Daux fut supprimé e

Dès qu'un incendie était signalé, les gardes se rendaient le plus vite possible à cheval dans les villages avoisinant la forêt. Ils faisaient sonner le tocsin pour appeler la population et lui faisaient enjoindre , par les consuls, l'ordre d'aller aider à éteindre le feu sous peine de la privation de ses droits d'usage. Les paysans, qui étaient presque toujours les auteurs de ces incendies, se montraient en général très zélés pour aller les éteindre, car ils savaient bien qu'avant qu'une troupe soit réunie, le feu aurait le temps d'accomplir une partie de l'oeuvre qu'ils attendaient de lui, d'autant qu'il arrivait que des incendies fussent allumés à la fois sur plusieurs points de la forêt.Lorsque le feu était peu violent et n'avait attenht que le sous-bois, on parvenait à l'éteindre à coups de barre; mais le plus souvent il fallait, pour l'arrêter, allumer des contre-feux: « Nous fûmes contraints d'éteidre le feu par le feu » , dit un procès verbal d'incendie

Les bois particuliers n'étaient d'ailleurs guère plus prospères. La futaie était pour ainsi dire inconnue. Sur les trois communautés de Lasserre, Pibrac et Pujaudran, dont on possède des matrices cadastrales datant du XVII° siècle, une seule, Pibrac, possédait un bois de haute futaie et encore n'avait-il qu'une superficie de 0 ha.28 .Certains bois jouaient le rôle de réserve à gibier et procuraient à leurs propriétaire les plaisirs de la chasse, tel le bois, appartenant à M.de BRAX, situé sur la lisière Est de la forêt de Bouconne et qui était désigné comme « garenne ».

Ala fin du siècle dernier,(( XIX° siècle ))il existait encore , sur une ligne continue, de la première terrasse à la Garonne, un certain nombre de bois: Bois de Fontenilles, Bois de Larramet qui apparaissent bien comme les vestiges de la forêt qui aurait limité au Sud le premier groupe de fundi. La lisière sur la forêt de Bouconne , sur le territoire de Pibrac, étant bordée par une large bande d'éluvium, il se peut que le fundus Piperacus, comme la commune actuelle,se soit étendu jusque là pour profiter des avantages que présente l'éluvium et avoir ainsi un territoire plus varié et plus complet. Ainsi ce fundus aurait été très étendu. Cela n'a rien d'invraissemblable. Il est admis , en effet, que les domaines ruraux gallo-romains furent très grands. Cependant il est difficile de déterminer avec précisions quelles furent leurs dimensions. Pour ceratins, les fundi auraient atteints la superficie des communes qui ont conservé leur nom, tandis que pour d'autres, les domaines moyens auraient eu de 200 à 300 hectares. Il est à supposer que l'étendue des domaines devait beaucoup varier selon les régions. Un autre fait vient d'ailleurs s'accorder avec cette hypothèse de la mise en culture de cette partie de la troisième terrasse à peu près jusquà la limite actuelle de la forêt de Bouconne: les limites des anciennes provinces suivaient souvent les limites des anciens bois, or la limite du Languedoc le premier groupe de fundi. Presque parallèle à l'Aussone, à l'ouest d'Aussone , à hauteur de Pibrac, elle décrit un coude, pour suivre la lisière de la forêt, puis, à hauteur de Brax, elle s'en écarte brusquement pour venir rejoindre le Courbet. Ce dessin pourrait bien être celui de la limite ouest des terres cultivées du fundus Piperacus.

Entre le fundus Piperacus, et le fundus Leviniacus s'étendait la masse boisée de Bouconne. En même temps qu'elle servait de limites à ces domaines, la forêt les complétait. Par ses marécages, par la médiocrité de son sol, la région de Bouconne avait repoussé l'habitat et les cultures

La réformation générale

COLBERT voulait avoir la flotte la première du monde, ce qui nécessitait du bois. Pour cela il jugea indispensable de mettre fin à tous les abus qui encouraient à la ruine des forets domainiales et des communautés. En conséquence, en 1661, COLBERT prescrivit la Réformation générale des Forêts de France. Il nomma des comissaires spéciaux. Il fallait aussi que des sanctions soient prises contre ceux qui avaient ruiné les forêts et volé le roi. Les réformateurs furent investis de tous les pouvoirs judiciaires en matière de forêts, et leurs jugements seraient sans appel. Il furent désignés en 1665: Louis de FROIDOUR fut nommé « grand maître enquêteur et général réformateur des Eaux et Forêts du ressort du Parlement de Toulouse ». La première mesure des réformateurs fut de déclarer closes les forêts royales jusque la Réformation soit terminée. A sa nomination, la clôture de la forêt de Bouconne avait déjà été décidée par TUBOEUF en octobre 1655 ( ce qui revenait à enjoindre aux usagers de cesser l'exercice de leurs droits d'usage)

En août 1666 il commença lui-même les inspections. Il fit procéder à la délimitation et au mesurage de la forêt de Bouconne. Pour mieux délimiter, le pays manquant de pierres, il ordonna aux riverains de refaire et d'élargir dans le délai de 8jours les fossés qui séparaient leur possession de la forêt et qui avaient été plus ou moins comblés

Mais le zèle des réformateurs se heurta à la résistance farouche des riverains. Ne tenant aucun compte de la clôture, ils continuèrent à mener leurs bestiaux dans la forêt et à y couper du bois...De nombreux procès-verbaux furent dressés, avec parfois condamnation à des amendes; du bétail pacageant dans la forêt fut saisi et vendu au profit du roi

Des incidents graves furent amenés par la collecte des amendes.Le collecteur qui fut envoyé à Pibrac pour recouvrer les amendes de 1665 ne reparut jamais. Le baron de Pibrac , qui s'était montré hostile à l'ingérence de l'administration royale dans ses seigneuries, fut accusé de l'avoir fait enlever et assassiner par ses domestiques, mais le Parlement, après l'avoir condamné à mort par contumace, le relaxa. Cette affaire resta obscure, sans doute parce que, en raison de la qualité de l'accusé, on préféra ne pas l'éclaircir. Un autre collecteur fut nommé, mais les gens de Pibrac, peut-être grâce à l'intervention de leur baron, parvinrent non seulement à se faire décharger par le Parlement des amendes qu'ils avaient encourues, mais encore à faire condamner le collecteur aux dépens et ce n'est que lorsque de FROIDOUR vint s'occuper de la maîtrise de l'Isle que l'on tenta de nouveau de recouvrer ces amendes; ce fut d'ailleurs en vain. Malgré les promesses « d'aide et d'assistance » qu'ils avaient reçues de la châtelaine de Pibrac, les officiers forestiers, malmenés, menacés, jugèrent prudent d'abandonner la place

Colbert décida de décharger les forêts de ces droits ((d'usage et de pacage))

Le baron de PIBRAC auquel on avait beaucoup à lui reprocher, fut condamné à une amende de 500livres et privé de 160 arpents qui lui avaient été donnés pour l'extinction du droit de chauffage du four banal de Daux. Mais il fut maintenu en la possession du bois de Gratens, et autorisé à prendre , sur les coupes qui se feraient chaque année, du bois pour le chauffage du four de Daux jusquà concurrence de 16 milliers de fagots

En 1772, la forêt de Bouconne cessa de faire partie du Domaine. En échange seulement de quelque 800 Hectares de la forêt de Seonches, elle fut donnée , avec le comté de l'Isle et le domaine de Gray, en FRANCHE Comté, à jean du BARRY.Le rôle que joua ce personnage explique pourquoi il bénéficia d'une affaire si avantageuse

 

 

Conclusions

Dans cette page, nous apprenons que PIBRAC s'appelait autrefois PIPERAC, suite à l'invasion romaine

Nous voyons aussi l'importance de la forêt de Bouconne dans la vie de tous les jours à Pibrac

 

(1) Livre : de l'ancienne extension de la forêt de Bouconne par Edmond CABIé (1886) (14p):