Villages voisins
Il est intéressant de pouvoir comparer des villages voisins au travers de quelques indications
Pour mémoire, reprenons cette carte de CASSINI ( 18° siècle) de la Forêt de Bouconne et de ses alentours, qui précise bien quels villages sont proches de la forêt
Des plans de la forêt de Bouconne de 1606 et de 1667 nous apportent quelques éléments sur les villages avoisinants (1) (2) (3)
Les Mutationes;
des Romains à Pibrac ?
Ad Jovem ; Bucconis
Au IV° siècle, une route, celle de Bordeaux à Jérusalem, vint traverser d'Est en Ouest le massif de Bouconne , dans sa partie Sud, séparant ce qui devait être l'actuelle forêt de Bouconne du reste du massif...De la Save à la Garonne, il y avait le long de cette route deux « mutationes »: la mutatio Boccones (d'après le manuscrit de Vérone) ou Bucconis ( manuscrit de la Bibliothèque Nationale) et la mutatio ad Jovem. Les mutationes étaient des sortes de relais...
Il sont cités comme faisant partie des "Peuples et villes de la province Narbonensis Prima I " (7)
( avec les noms anciens à gauche, modernes à droite)
Ces mutationes étaient des genres de relais ( décrits ici à propos de la Haute Vienne) (8):
La "Notice de l'ancienne Gaule" de 1760 (4), nous apporte des précisions sur leur emplacement:
Le relais "Ad Jovem" serait donc à Léguevin
Pour "Bucconis":
L'auteur ne sait donc pas situer "Bucconis"
La "Carte des Gaules" de 1838, de M. LAPIE nous indique cependant les emplacements des "mutationes", au croisement de la route d'Auch et de rivières, probablement intéressantes pour faire boire les chevaux...et pour "Ad Jovem" sur le croisement de la rivière "La save" (2) :
La traduction de "Jovem" est "Jupiter", donc "vers Jupiter", "dans la direction de Jupiter"
Ceci est à rapprocher de la découverte d'une statue de Jupiter de l'époque romaine, à Escorneboeuf dans le Gers entre Toulouse et Auch, vers Gimont, en 1973:(plan Google Maps )
et l'article correspondant dans le Bulletin Archéologique du Gers, 1973, pp 5-23 :
Nous pouvons aussi comparer avec cette statue de Jupiter provenant d'Auch, et conservée au Musée Saint-Raymond de Toulouse:
(Zeus (Jupiter pour les Romains) trônait dans les hauteurs du ciel, au sommet de l'Olympe. /Photo DR, Musée Saint-Raymond, J. Rougé.)
"Ad Jovem" pourrait signifier: "en sortant de Toulouse, vous êtes bien sur le 1° relai en direction des lieux de vénération de Jupiter " ??
Lectoure:
était également un haut lieu de vénération de Jupiter , au II et III° siècle de notre ère:(5)
Sur la carte de Peutinger de 1265 ( sorte de "plan de métro"), figure déjà Lactora (!!!), Lectoure donc, située ( par erreur) au nord-est de "Tolosa", ce qui montre la très grande importance et depuis très longtemps, de cette ville ( voir la page des plans )
Pour l'histoire très riche de Lectoure, voir son excellent site
Cornebarrieu:
Plus proche de Pibrac, Cornebarrieu possède des vestiges d'une villa gallo-romaine,ZAC des Monges, et datant du 1° siècle de notre ère, mise à jour en 2006 (6) :
"villa gallo-romaine des Monges à Cornebarrieu
Vestiges d’une villa gallo-romaine du Haut-Empire(1er siècle de notre ère) ainsi que des structures situées en périphérie d’une installation artisanale d’époque médiévale.
A l’occasion de l’aménagement de la ZAC des Monges - Croix du Sud duGrand Toulouse par la Sem Constellation, une équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) fouille, sur prescription de l’ État, le site de La Ville à Cornebarrieu. Les archéologues mettent actuellement au jour les vestiges d’une villa gallo-romaine du Haut-Empire (1er siècle de notre ère) ainsi que des structures situées en périphérie d’une installation artisanale d’époque médiévale.
Un espace structuré:l’occupation antique est caractérisée par un parcellaire cohérent : un chemin et des alignements de trous de poteaux structurent l’espace dans lequel quatre bâtiments ainsi que des fosses ont déjà été repérés.Seuls les soubassements des édifices sont préservés. Ceux-ci sont matérialisés par des solins de murs en galets, des piliers carrés constitués de galets surmontés de briques, ou des alignements de tuiles (tegulae).Certaines zones de circulation, intérieures ou extérieures, sont conservées.
La pars rustica de la villa :trois bâtiments semblent avoir une vocation agricole. La pars rustica (l’exploitation agricole proprement dite) de la villa gallo-romaine estgénéralement mal connue dans le nord toulousain. Le site de La Ville est donc important pour comprendre son organisation, son fonctionnement et son rôle dans la mise en place des parcellaires.
Un sol en mosaïque conservé: un sol en mosaïque est actuellement en cours de dégagement dans deux pièces contiguës du bâtiment le plus remarquable. Incrustées dans un bétonde tuileau, des tesselles blanches ou noires dessinent des motifs géométriques : rosace, résilles, lignes brisées.
En marge, une occupation médiévale: l’emprise de la fouille met également en évidence des structures (fossés,fosses) à rattacher à une occupation médiévale observée, il y a quelques années, dans le lotissement voisin de Bel-Soleil. Il s’agissait d’une installation artisanale spécialisée dans la production céramique. "
Pibrac
Sur certains plans anciens, Pibrac est situé non pas sur le chemin qui mène à Auch, mais sur le chemin qui mène à Lectoure, et donc Pibrac aurait pu réaliser une voie de passage pour les Romains voulant faire des sacrifices à Jupiter, très vénéré dans la région Aquitaine...
(Plan Desnos-Starckman 1790)
Par ailleurs, l'origine du Château de Pibrac n'est pas connue: la partie centrale, très ancienne ( et qui sera prolongée sur les côtés ultérieurement), est très antérieure au XVI° siècle, possède des murs très épais (1,50m environ à la base) avec sous terrain pavé d'épais carreaux de terre cuite blanchis par le temps ( comme ci-dessus), et pourrait peut-être correspondre à cette période romaine où Pibrac aurait pu servir de relais...???
De même, la partie la plus ancienne de l'église,où figure l'inscription "porte du XIII° siècle", correspond à un mur très épais ( 1,60m d'épaisseur à la base), une porte très haute (ouverture de 2,80m de haut pour 1,36m de large ), donc pour un bâtiment que l'on veut solide, assez grand aussi ; en 1596 il y avait environ 200 familles (voir plans); au XIII° peut-être qu'un grand bâtiment n'avait pas d'intérêt s'il n'y avait que 100 ou 150 familles à cette époque, et encore fallait-il arriver à construire un bâtiment si grand avec si peu de personnes ... Fait-elle suite à un autre bâtiment, ayant servi autrefois aux romains? On remarquera avec grand intérêt que toute l'église est faite de briques comme le château, les pierres étant rares dans la région ; néanmoins on peut se demander si les pierres encastrées dans le mur extérieur de l'église ne datent pas d'avant sa reconstruction , vers 1700, ou bien avant encore ( tombe d'un personnage de la famille Dufaur, ou vestiges lointains de la construction de l'église au XIII°siècle, ou avant encore ? ) Au château, il y a très peu d'endroits où il y a de la pierre ( escalier, très rares pierres autour de portes..)
et son détail:
...à vous de chercher...!!!
Ad sextum
( voir plan Lapie 1838 ci-dessus )
C'est une autre "mutation" située à 6 lieues gauloises (à l'est) d'Auch , comme précisé dans cette "Encyclopédie méthodique de géographie ancienne" de 1787 (7):
Pour mémoire, la lieue gauloise faite entre 2415m et 2436m (10), soit pour 6 lieues, entre 14,490km et 14,616km
La description, à une quinzaine de km d'Auch, et proche de la rivière Arrats, fait donc penser à la ville d'Aubiet, dans laquelle on trouva en 1830 un buste Gallo-romain près du cimetière actuel ( qui fut attribué dans un premier temps à Saint Abdon patron de la commune (avec Saint Sennen) puis à Saint Orens.) (9) Elle possède d'ailleurs un site gallo romain sur les rives de l'Arrats
HUGUNUERRO
Le nom "moderne" (1787) de cette "mutatione" serait : Biscaro (??) (7)
La localisation par le plan Lapie 1838 ( ci-dessus) laisse penser qu'il s'agit de "Gimont"
Bouconne
Des informations sur l'histoire de Bouconne figurent dans le chapitre Ethymologie ( du mot "Bouconne") chapitre 15
Sur la route Auch à Toulouse, se trouvait aussi une "mutatione" à "Bucconis", peut-être signifiant qu'en partant d'Auch, c'était le relai pour bifurquer vers la forêt de Bouconne ( voir plan Lapie 1838 ci-dessus )
Le passage de la save coupant la route d'Auch, et la localisation par le plan Lapie 1838 ( ci-dessus) suggèrent fortement qu'il s'agit de "L'isle Jourdain"
(1) Plans de la forêt royale de Bouconne ( Maitrise de l'Isle Jourdain) 1609
( Archives départementales de la Hte Garonne) PA 265-8B97
(2) PA 266(A) 8B97 de 1667
(3) PA 266(B) 8B97 de 1667
et 8B13 ??
(4) Google Books
(6) Communiqué de presse de l'Inrap en Nov, 2006
(7) "Encyclopédie méthodique de géographie ancienne" de 1787, Google books
(8) Bulletin de la société archéologuque et historique du Limousin, vol.11
(10) Wikipedia
(11) Site internet de la ville d'aubiet